Marseille

Mucem, le port et le Pannier 2015

avec Lulian "jumping boy"

"Vous ne prenez pas une photographie, vous la créez."

Ansel Adams

Marseille et le Mucem : entre pierre et lumière

Marseille est une ville qui ne se donne pas d’emblée. Elle se devine, se pressent, se respire dans l’odeur saline du Vieux-Port, dans le murmure du mistral qui s’engouffre entre les façades, dans le cri rauque des goélands au-dessus des barques fatiguées. Cité antique aux mille visages, elle est un labyrinthe de ruelles et de couleurs, où le bleu du ciel épouse l’ocre des murs, où l’ombre des volets fermés contraste avec l’éclat brûlant des places baignées de soleil. Ici, le temps n’est jamais tout à fait le même. Il hésite entre la lenteur d’un après-midi accoudé à un comptoir et la frénésie d’un marché où s’entremêlent les langues et les accents.

Et puis, au bord de cette mer qui l’a toujours nourrie et façonnée, un bâtiment s’impose, à la fois aérien et minéral. Le Mucem, bloc de béton ajouré, s’élève face aux flots comme un mirage contemporain. Sous sa résille de pierre, la lumière danse, tamisée, projetant sur le sol des motifs mouvants, comme si la Méditerranée elle-même s’y reflétait. Il est là, posé comme une passerelle entre l’ancien et le moderne, un trait d’union entre l’histoire séculaire de la ville et son regard tourné vers l’avenir.

On y entre comme on pénètre un sanctuaire du monde méditerranéen. Ici, les récits s’entrelacent : des objets millénaires murmurent les épopées des peuples qui ont traversé ces eaux, des œuvres contemporaines interrogent les frontières et les mémoires. C’est un musée qui ne se contente pas d’exposer, mais qui raconte, questionne, ouvre des fenêtres sur ce que signifie être d’ici et d’ailleurs à la fois.

Du haut de sa terrasse, le regard embrasse Marseille tout entière. À gauche, le Vieux-Port, battant cœur de la ville. À droite, la silhouette fière du fort Saint-Jean, sentinelle de pierre qui veille sur l’entrée du port depuis des siècles. Au loin, Notre-Dame de la Garde veille toujours, imperturbable, dans son manteau doré.

Marseille et le Mucem : l’une ancrée dans le temps, l’autre suspendu entre passé et futur. Deux âmes qui se répondent, entre pierre et lumière, entre terre et mer, dans cette infinie respiration du Sud.